Le soir descend sur ce qui fut une véritable "journée de fou", ce vendredi, pour les 856 choristes du Grand choral. Ce vendredi en effet aura été riche à ras bord de répétitions, mises en conditions, échauffement, affinements, et ce, à quelques heures d’un week-end qui ne comptera pas moins de trois concerts du Grand chœur avec Les Innocents et Marc Lavoine.
Attentifs autant à ne pas trop les fatiguer qu’à les pousser au maximum, les chefs du chœur insufflent encore ce qui peut l’être aux choristes, prononcent habilement les quelques mots "pour gagner les quelques pourcents qui restent", selon l’expression du directeur artistique, Brice Baillon : "Attention, ça manque de sourires !" "Allez toujours au bout de votre geste, en y mettant du sens, de l’intention." Ou encore : "Ne soyez pas trop bons élèves, tout va bien !"
Personne ne l’a vu entrer : Marc Lavoine surgit soudain depuis le cœur du chœur, comme s’il y séjournait de toute éternité, démentant toutefois cette impression en s’excusant pour son retard. "Je voulais vous dire bonjour, je voulais vous dire merci". Entre le chanteur et le Chœur, la première rencontre, poignante, a eu lieu deux jours avant sur leur lieu de répétitions de Beurnonville…
Mercredi, première rencontre
Il avait souhaité que ça se passe dans l’"intimité", sans smartphone, caméra, photo. Le petit coup de fil habituel à la presse ne devait pas avoir lieu. C’est ainsi que Marc Lavoine avait voulu ce premier rendez-vous. Tout ouïe face à l’immense océan de visages et de voix, il avait écouté pieusement la douce introduction des voix des femmes. "Je pense à vous souvent…" ("Chère amie") Tout de suite on l’avait senti saisi, ne voulant rien perdre, goûtant chaque harmonie. Par deux fois, il avait eu ce geste de retirer ses lunettes et rapidement s’essuyer les yeux.
"Ecoutez, c’est le plus beau cadeau que j’ai reçu. Jamais j’aurais imaginé d’avoir tous ces beaux visages, ces voix, pour interpréter cette chanson que j’ai écrite il y a 25 ans ! Et derrière tous ces visages, autant de cœurs qui battent… Vous le faites avec tellement de simplicité, d’humilité et d’exigence. Je ne sais pas comment vous remercier." Puis, regrettant d’avoir à partir déjà : "Combien de fois je reviens pour entendre cette merveille ?!", avant de serrer des mains, prendre tout naturellement des choristes dans ses bras, les embrasser… Des choristes s’essuyaient les yeux.
Jour J, ultimes préliminaires…
Il est revenu, aujourd’hui vendredi… Les noces avec le Grand chœur sont imminentes. Comme ce sont là choses sérieuses, Marc Lavoine le tourne avec humour : face à la cheffe, Séphanie Stozicky, il se pose en miroir, le doigt levé, imite ses gestes de chef. Ambiance et rires.
Aussitôt il est "dedans", se dandine en rythme, mais au milieu de la "biguine", il arrête : "C’est pas bon, je me suis trompé ! On reprend où ? C’est toi qui décides, c’est toi le chef, nous, on obéit au doigt… et à l’œil." Fin de la chanson et déjà fin du calage ; il s’incline et lance en sorte de défi séducteur : "On se retrouve tout à l’heure alors ?"
Ensemble tout à l’heure, face au public d’Argence : des noces exceptionnelles pour un LOVE QUI PEUT en apothéose. Tout un programme. Au sortir de la répétition avec Les Innocents, J.P. Nataf l’avait bien dit, pensant au public : "Ils vont flipper !"
C’est le mal qu’on leur souhaite.
Thibaut Gobry