Entretien à chaud avec Brice Baillon, son directeur musical et artistique.
Nous sommes à une poignée d’heures de la Première du grand choral. En ce vendredi après-midi, Emily Loizeau, puis Juliette Armanet, rejoignent les choristes pour une répétition éclair - la seule ensemble ! Au dernier moment Juliette Armanet propose à tous un claquement de doigts non prévu. En un quart de seconde, les chefs s’organisent donnent les précisions utiles aux 900 choristes : un beau moment d’improvisation, de réactivité et de maîtrise !
Brice Baillon, le directeur musical et artistique du projet, s’échappe quelques minutes et nous accorde cet entretien à chaud, très chaud.
Les Nuits de Champagne inaugure cette année un nouveau concept : non plus UN artiste parrain mais quatre, c’est à dire quatre répertoires distincts. Quelles conséquences pour le grand choral et l’écriture du spectacle ?
C’était un vrai challenge pour nous de rendre cohérent la rencontre entre 4 répertoires aussi éloignés en terme d’époques et même d’écritures. Certaines thématiques sont similaires, mais ce n’était pas si évident. On a eu un gros gros travail dans le choix du répertoire : choisir les bons morceaux qui puissent rendre cohérent un spectacle de 20 titres. Il faut à la fois des chansons à grande notoriété et des pépites sorties des tiroirs. Et en même temps, un lien dans les énergies musicales et dans les thématiques. Là on aborde beaucoup la nostalgie, le rapport à l’enfance, l’amour familial, mais pas que ! Ce grand choral, il est représentatif des goûts de l’équipe, aussi. Le plus difficile cette année avec 4 répertoires, c’était de devoir renoncer à plein de choses qu’on adore.
Mais aussi par les arrangements…
Oui, la deuxième étape, pour rendre cohérent le truc, c’était dans l’écriture des arrangements vocaux et instrumentaux. Tout a été centré autour de l’accompagnement d’un piano acoustique. On a aussi modernisé les vieilles chansons de Barbara, comme on le faisait sur Brel (en 2014), pour que quand elle côtoie Juliette Armanet, ça ne fasse pas trop étrange.
Il y avait quand même une question de générations à…
Ouais, à gommer aussi !
Les chansons de Barbara arrangées pour voix polyphoniques : on connaît sa voix, parfois à la limite du chanté, virtuose, fluctuante. Comment on fait pour harmoniser ça ?
Bah on a fait des choix, en termes de prosodies, de façons de poser les syllabes, et les mots sur la musique. On a enregistré les apprentissages suffisamment tôt pour que les choristes s’imprègnent de NOTRE nouvelle interprétation. Je prends l’exemple de L’aigle noir, où on s’est servi plutôt de la version de Depardieu, toute récente : j’ai beaucoup aimé sa façon de poser les mots qui était très novatrice et très moderne, avec une vraie élégance dans son interprétation. A partir de sa version, on a habillé avec le chœur en gardant la prosodie telle quel Depardieu l’avait proposée. C’est un exemple, mais c’est chanson par chanson que ça se décide.
Et pour les autres ?
Sheller nous apporte une certaine légèreté dans le grand choral, quelque chose de dynamique et léger. Il permet des choses un peu plus pêchues. Avec Emily Loizeau, ça va être plutôt des découvertes. Le public du grand choral ne la connaît pas tellement, ni Juliette Armanet. Donc là, ça va être les fameuses pépites dont je parlais : on sort des choses un peu moins connues, grâce à Emily Loizeau et Juliette Armanet.
Nous sommes à quelques heures de la Première… et le grand chœur répète. Il est encore temps de faire quoi ?
En fait, d’heure en heure, et de jour en jour, on met ENSEMBLE les éléments qui étaient travaillés séparément jusque-là. Et là, avec la présence d’Emily L. et Juliette A. tout à l’heure, c’était la cerise sur le gâteau : comment le rapport entre les "artistes marraines" et ce chœur qui travaille déjà depuis 5-6 jours ici, comment ça se passe, est-ce que tout roule ?
Parce que c’est la première fois qu’ils travaillent ensemble…
Oui bien sûr ! Ça a été un quart d’heure par chanson, donc il faut faire confiance au professionnalisme des artistes, à leur ouverture d’esprit, et à tout le travail et à l’investissement des choristes.
Ça t’a fait peur tout à l’heure la proposition improvisée de Juliette A. ?
Pas du tout ! Pas du tout… Non c’est bien parce qu’elles mettent aussi leur… elles ont envie aussi : c’est comme si elle découvrait un nouveau jouet, tu vois. Donc c’est intéressant. Si elle propose ça, c’est qu’elle est bien, et ça, ça me fait plaisir.
Ça crée aussi un lien avec le chœur.
Exactement. Peu importe l’idée, à la limite.
Il faut quand même que ça marche !
Oui voilà !, mais c’est un bon moment, ça. Un final festif… Ça va le faire !
Propos recueillis par Thibaut G. - Le Troisième Œil