Quand il se présente au public de l’Apéro Chantant de ce jeudi, tout, de son accent tranchant aux anecdotes sur le pays porte à croire qu’on tient devant nous un Québecois pur souche d’érable. Pourtant, Fuso (qui aime aussi à se présenter par son prénom, Guillaume) a passé les premières années de sa vie au sud de Paris avant d’embarquer de l’autre côté de l’Atlantique. De cette époque, il lui reste si peu que son show troyen, le premier de sa carrière sur le sol hexagonal, a quelque chose d’exotique pour lui.
Après avoir salué d’un sourire un drapeau du Québec fugacement brandi depuis le fond du public, Fuso, accompagné d’une guitare, d’un ukulélé et de son bassiste Nicolas, berce la mezzanine du théâtre de la Madeleine d’un flow suave et élastique parfois pas si éloigné des rappeurs auxquels il fait allusion entre deux titres. Sa voix semble imbibée de miel. Cette voix justement dont, enfant, on lui avait conseillé de ne pas trop se servir pour chanter. Cordes vocales trop sèches, trop faibles. Aujourd’hui, tout monte de lui sans peine, et c’est sans autre artifice qu’il charme l’assistance, même s’il ne rechigne pas à laisser échapper un bon mot en frisant l’œil.
Ici, comme plus tard dans la soirée sous les voûtes de la cave de l’Illustré, il fait résonner un folk boisé qui rend léger. C’est dans cette douceur mélodique – confie-t-il – qu’il a trouvé le véhicule idéal pour communiquer un peu de sa propre fragilité et aborder les réalités qui le touchent : la peur que tout s’arrête, la difficulté de trouver sa place ici ou ailleurs. Mais pas que : avec « Love », conclusion solaire de ses concerts et hit en puissance, il murmure une promesse amoureuse euphorique et gorgée de good vibes au creux de l’oreille, petite chandelle dans le crépuscule automnal prête à chasser les dépressions atmosphériques et intimes.
Virgile Gauthrot
Crédit Photo : José Garandel