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Blowin’ 740 collégiens in the wind !

Il est 18h ce dimanche, l’heure de la vraie première du Chœur de l’Aube, et de l’ouverture de la 31ème édition du festival des Nuits de Champagne. Le rideau s’ouvre et fait apparaître dans un halo de rose et d’or la foule frémissante des 740 collégiens-chanteurs. La simple force visuelle et émotionnelle de cette apparition arrache des "oh là là" irrépressibles dans le public.

Le chanteur conteur, Michel Boutet, déroule le fil poétique de la soirée, constitué de paroles de chansons écrites par les trois artistes parrains de cette édition : Bob Dylan, Francis Cabrel et Fred Pellerin. "J’men va t’emmener où il fait silence / Juste pour entendre la murmurance de ta voix…" Poétique, un peu folk, un peu protest song, ce conte patchwork nous balade entre textes parlés, chants solo de notre chanteur conteur et pastilles polyphoniques interprétées par les Baladins (petit chœur dans le grand chœur). Bref, il prend un malin plaisir à nous faire languir du Chœur des collégiens qui, pendant ce temps, palpite dans la pénombre.

"Le vent fait craquer les branches" ; il fallait bien cela pour que le chœur soudain se dresse dans la puissance, fine et précise, de ses 740 voix. "Les fées existent…" ou tout l’art de donner du nerf, des contrastes, une énergie multiple, à la foule des jeunes chanteurs.

Mais la soirée de l’Aube à l’unisson ne mériterait pas son nom si elle n’entendait pas nous faire chanter, tous. Le chef Fabrice Pereira se retourne, anime une répétition spontanée (Blowin’ in the wind de Bob Dylan, en anglais, s’il vous plaît !) et transforme le public, debout, concentré, en un immense chœur de 1700. Les enfants applaudissent…

Le battement des mains rassemble chœur et public, qui s’en vont ensemble "dormir chez la dame de Haute-Savoie" (Cabrel). Cet allant percussif annonce l’apothéose du spectacle, alors que les 740 collégiens déploient une envoûtante percussion corporelle, se frappant poitrine et cuisse. "Knockin’ on Heaven’s door" est un summum de maîtrise et d’investissement pour les enfants, qui mènent de front le chant, l’articulation des mots, le rythme, la lange anglaise, et maintenant la percussion des mains. C’est impressionnant, et simplement beau.

"J’apprends à me tenir debout". En forme d’épilogue, le conteur lance cette rengaine (écrite par David Portelance) qui tient à la fois du défi, de la promesse et du souhait. Quel meilleur vœu, en effet, adresser à ces jeunes chanteurs qui nous ont fait partagé, le temps d’une soirée, leur exceptionnelle aventure ?

Thibaut Gobry