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"Avec leur cœur à l’intérieur"

Le Chœur des 700 collégiens de l’Aube à quelques heures d’ouvrir la 32ème édition des Nuits de Champagne

"Allez, il manque de l’énergie. Plus tonique !… Souvenez-vous, on pense à cette amie qui est partie et… on reste dans la concentration de la chanson… 1, 2, 3, 4 et…
OK, mieux pour l’énergie, mais attention maintenant à ne pas crier !"
Ils sont 700 et viennent de tous les coins du département ; ils forment l’extraordinaire Chœur des collégiens de l’Aube. A quelques heures de la première, les deux chefs de chœur, Blandine Deforge et Geoffrey Bouthors rivalisent de patience, de dynamisme et d’humour, pour conduire l’immense et si jeune ensemble.

Les chansons de Marc Lavoine, Camélia Jordana et des Innocents, "ils ne les connaissaient pas tant que ça", témoigne Marie Riegel, professeure de musique au collège Beurnonville (Troyes). "Mais ils n’ont pas d’a priori, ils sont très ouverts d’esprit. Et le fait de découvrir les chansons dans des arrangements (à plusieurs voix) préparés pour eux, ils se les approprient vraiment. Ils préfèrent leur version à eux plutôt que les originales !"

Face à eux, les professeurs de musique attentifs, certains fébriles, suivent cette dernière répétition. Ils connaissent chaque partition par cœur, et à un changement de rythme, l’un d’eux ne peut s’empêcher d’esquisser un geste de direction. En classe, depuis la rentrée, ils ont assuré le premier apprentissage des mélodies et des harmonies. Mickaël Di Maggio, professeur de musique à Bar-sur-Aube, se souvient : "Ils se sont vite imprégnés. Les chants bougent pas mal, ils leur plaisent."

Julien Beau, professeur de musique aux Jacobins (Troyes), découvre l’expérience pour la première fois. "Ils "se lâchent" plus en grand groupe, et puis la dynamique est super. Il y a un excellent niveau d’ensemble. Pour eux, c’est une vraie expérience de l’univers du spectacle, comme pour de véritables artistes." Le rendu des 700 tous ensemble l’émeut. "Les voix d’enfants, ça porte toujours. On ne peut pas être insensible, c’est très fort."

Ce matin, quand ils ont vu la scène gigantesque, les éclairages, les 1700 places du public, on a entendu des "ouah, c’est trop bien !" Baptiste, du collège Jean Moulin de Marigny-le-Châtel, donne un conseil à Héloise, pour qui c’est la première fois : "Mets-toi dans ta bulle, ne stresse pas ! Personne n’est là pour te juger !" Jeanne de Paul Portier (Bar-sur-Seine) surenchérit : "C’est comme un amusement, tu ne dois pas avoir peur, et donner tout ce que tu as !"

"Avec l’énergie du public, je me dis que vous ferez une vraie colère… je peux vous faire confiance ?", s’assure leur cheffe Blandine. Il y a quelque chose de touchant et de réjouissant de voir ces 700 jeunes collégiens, concernés et concentrés, s’appliquant des heures à trouver le ton, le rythme, l’intention artistique la plus juste : c’est à dire à les voir travailler avec des préoccupations et des exigences d’artistes.

"Je vous écris ces quelques fleurs / Avec mon cœur à l’intérieur" (Marc Lavoine) La "répèt." touche à sa fin. "Franchement soyez fiers de vous, c’est hyper bien !" Tout à l’heure, ils ouvriront le festival, toutes générations rassemblées, enfants, parents, grands-parents… Ils seront tout à la fois les messagers et les interprètes de ce premier mot d’amour des 32èmes Nuits de Champagne : LOVE QUI PEUT !

Thibaut Gobry