"C’est bien écrit, il y a beaucoup de rimes." "J’aime bien l’air, ce sont de belles paroles." "Dylan, ça ne me disait rien, ah si !, dans ma tête, j’avais l’air de "Dans le souffle du vent", et là j’ai vu, en fait ça venait de lui." "On se met vraiment à la place des personnages, on ressent ce qu’ils vivent dans la guerre" (Tourner les hélicos de Cabrel) "Moi, je ressens les feuilles qui tombent quand on chante Octobre."
Ils s’appellent Louise, Shakira, Floriane, Norah, Thibaud ; ils sont en 5ème, 4ème, 3ème, viennent des Jacobins de Troyes, de Louis Brisson de Sainte-Savine ou encore de Mesnil Saint-Loup… tous collégiens de l’Aube. Les chansons de Francis Cabrel, de Bob Dylan, celle de Gilles Vigneault (repris par Fred Pellerin), ils les travaillent depuis la rentrée avec leur professeur de musique. Une semaine, une chanson ! "Les mélodies ont été assez facilement mémorisées ; après, c’est l’articulation, la rythmique… ! Et l’anglais ? Ils ont adoré le côté moderne…", témoigne Virginie Ferreira, professeur au collège Marie Curie à Rosières.
Sur la scène de l’auditorium, leur chef Fabrice Pereira, leur demande beaucoup d’énergie et de concentration. "Vous racontez une histoire, vous devez capter l’attention avant même de chanter !" Il est sympa, Fabrice, drôle et puis surtout "il s’énerve jamais", admire Norah.
C’est la première fois qu’ils se retrouvent à 740 enfants, pour former ce chœur immense. Alix, en 3è au collège Nicolas Bourbon de Vendeuvre, ne cache pas sa joie : "Quand on se retrouve tous ensemble, c’est bien, beaucoup mieux que dans la classe !" Son professeur, Loïc Laboulfie, confirme : "Tout à coup ils se retrouvent dans le grand chœur : musicalement, le nombre donne tout son sens à l’harmonisation. Et puis c’est toujours une grande émotion. On a immédiatement des frissons. C’est très différent d’à vingt." Mais pour Floriane qui chante en alto, "le plus difficile, c’est de ne pas être emporté par l’autre groupe qui chante soprano"…
"Ils sont heureux, très enthousiastes, et calmes en même temps", observe Monsieur Halata, en fin connaisseur qui les accompagne depuis presque 20 ans : "Ils voient des chanteurs à la télé, mais là, ils se rendent compte du travail, c’est frappant. Ils vivent la construction du spectacle." La maman de Lylou, qui est au collège des Roises à Piney, est fière d’avoir sa fille qui "participe à cette manifestation connue et importante. On a le trac à leur place ! C’est grandiose pour eux, c’est très intense."
Sybille Bertail, vice-présidente du Conseil départemental, profite de la pause pour leur adresser un cri du cœur : "Vous donnez envie de chanter. C’est extraordinaire de transmettre cela. Vraiment bravo. Ça n’existe nulle part ailleurs en France !". Louise murmure, très pro : "On a un peu bafouillé, là. Encore des petits trucs à améliorer…"
Tout à l’heure, ils seront sur scène devant 1700 spectateurs. Lisa et Norah n’ont pas de stress : "On a hâte. On est en confiance, on sait que personne se moquera de nous. On attend ça tous les ans, les Nuits de Champagne !" Mahéna se souvient : "le problème, c’est qu’on est heureux parce que c’est super bien, mais après, on est triste parce que c’est fini."
Pierre-Marie Boccard, le délégué général du festival, leur souhaite la bienvenue. Ils sont le chœur de l’Aube et dans cette soirée de l’Aube à l’unisson, on compte sur eux pour ouvrir la 31ème édition du festival des Nuits de Champagne, rien de moins. Une certaine idée de chanter ensemble, tout simplement.
Thibaut Gobry