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30ème édition du festival : une ouverture en ivresse et en tendresse

Venus de 27 collèges de l’Aube, ils sont plus de 700 jeunes élèves de 11 à 14 ans qui trament depuis juillet le fil de ces "plus belles histoires d’amour". C’est à eux, en chœur immense, qu’il revient d’ouvrir les festivités, en lançant cette remarquable 30ème édition d’un festival qui a traversé déjà tant d’années qu’ils n’étaient pas nés quand tout a commencé.

Ce festival, dont ils donnent le la, inaugure un nouveau concept en conviant non pas un seul, mais quatre invités "parrains", soit aussi quatre répertoires, et presque quatre générations de chanteurs. Hannah, jeune choriste du collège Louis Buisson, l’a finement ressenti : "c’est bien : entre les chansons, les genres changent, les mots utilisés ne sont pas les mêmes."
Ainsi, dans une filiation de générations autant que de cœur, se trouvent assemblés autour de Barbara : William Sheller, Emily Loizeau et Juliette Armanet, dont les jeunes choristes vont interpréter les œuvres sur les thèmes de l’amour, l’enfance, la révolte, la solitude.

Une conteuse - comédienne-chanteuse (Emmanuelle Bougerol) -, appuyée gaillardement par le "petit chœur" des baladins, nous prend d’emblée la main et introduit mots et musiques de nos quatre auteurs-compositeurs. "Une grenade éclate, laissant les fleurs rougies"… puis c’est le silence, le silence… Dans une sourde scansion de piano, le rideau s’ouvre et tout commence dans le formidable cri de révolte de tout le chœur, qui interprète le magistral Perlimpinpin de Barbara. "C’en est assez de vos violences" : un grand frisson traverse l’assistance. "Car c’est abominable d’avoir pour ennemi les rires de l’enfance", des larmes montent aux yeux du public.

Dès cette chanson, on comprend à quel point la barre était haute pour les collégiens. Tout y est décuplé des difficultés de la diction, de la vélocité, de l’énergie… "Attention à la guimauve, luttez jusqu’au bout pour l’articulation, la compréhension…", leur rappelait encore les chefs (Fabrice Pereira et Brice Baillon) quelques heures plus tôt. "Pour qui, comment, quand et pourquoi ? Contre qui, comment contre quoi ?" La verve de la dame en noir déferle dans un flux intense et c’est toute une virtuosité qu’il a fallu conquérir à 700 !

Selon la promesse du chant à l’unisson, le public est invité à participer en chansons dans ce voyage, qui fait escale d’abord à Göttingen, avant de prendre son envol sur les ailes de L’aigle noir, titre légende de Barbara. "Je sens un manque d’amour tout autour de moi" (Juliette Armanet ) : le fil rouge des plus belles histoires d’amour passe aussi par le sombre du manque et de la jalousie ("Je suis jalouse" d’Emily Loizeau), fait chœur unanime lorsqu’il s’agit de vouloir "être un homme heureux" (William Sheller) et vient culminer sur le plateau de la tendresse où "l’aube aurait enfin sa chance" (Barbara).

Une heure avant, un de leurs professeurs de musique avait prévenu : "Ils ont une énergie folle. Vu l’emploi du temps, ils pourraient être sur les genoux. Ils en ont sous le pied, ils vont être au top !"
Il est vrai que ce voyage des sentiments et de l’amour est aussi une expérience humaine exceptionnelle pour les jeunes collégiens. Comment pourraient-ils oublier la magie de ces plus belles histoires d’amour, dont ils auront été les premières étoiles ?

Thibaut G. - Le Troisième Œil